Le français e le mandarin – deux expériences singulières

(texte écrit par l’auteur du blog sans aide)

Je suis en train de faire deux expériences dans le domaine de l’acquisition de langues. C’est un intérêt que j’ai depuis que je suis enfant.

Je me souviens quand je vivais au Niger en 1983, quand je n’avais que quatre ans, qu’un jour je réfléchissais que le portugais et le français étaient plus proches un à l’autre que l’anglais, puisque le mot « ciel » était similaire à « céu » en portugais, autant que le mot « sky », bien qu’également court et commençant avec le même son consonantique, était divers. Je me souviens également, un an plus tard, quand on revenait aux États-Unis en passant par l’Europe, de connaitre le Portugal, la France et l’Angleterre. Je pensais tout seul : « C’est donc bizarre : dans ces trois pays, on utilise les mêmes langues que je suis habitué à parler, mais c’est tout à fait différent la manière dont on parle ».

J’avais appris le français dans deux ou trois mois, et je l’ai oublié avec la même vitesse. Quelques mois après notre arrivée aux États-Unis, j’avais oublié chaque mot de français, sans exception. Je ne me souvenais que le « bonjour » que n’importe quel américain, même enfant, connait.

Trente ans s’étaient passés, il était janvier 2014, je vivais au Brésil et j’étais prêt à commencer un projet singulier – un peu fou peut-être, mais qui m’enthousiasmait beaucoup. J’allais essayer d’apprendre le mandarin (chinois) uniquement en voyant des films et d’autres vidéos authentiques pendant une demi-heure par jour. Je savais que cela allait prendre du temps – peut-être six ans, j’imaginais, pour arriver à un niveau intermédiaire de compréhension.

Au bout de onze mois, ça va bien, j’apprends quelque chose et je m’amuse beaucoup. Ce n’est pas clair si ma méthode est minimalement efficiente, mais quand même je me sens motivé. De nouveau un enthousiaste des langues, je recommence à penser à mon français.

Quand j’avais douze ans, j’ai appris de nouveau cette belle langue, passant deux trimestres (un total de cinq mois, en réalité) dans une école française au Burundi. J’ai eu l’impression que le fait de l’avoir parlé auparavant, quand j’étais un tout petit gamin eu Niger, ne m’a même pas aidé de le réapprendre. Néanmoins, comme j’étais encore très jeun et j’ai fait beaucoup d’amitiés, au bout de ces quatre mois je parlais très couramment. Malheureusement, depuis mon retour aux États-Unis, mon français s’est détérioré progressivement. Je ne l’ai plus oublié comme auparavant, mais dans les vingt-trois prochains ans, j’ai eu très peu d’occasion de le pratiquer.

Alors, c’est décembre 2014. Si j’écoute le français, je le comprends assez bien, mais je ne suis plus courant. Ma prononciation est bonne, mais il me manque tellement de vocabulaire que c’est difficile de rendre complète une seule et simple phrase. C’est triste. J’ai perdu complètement la capacité de me communiquer naturellement.

Enfin, c’est décidé. Je vais récupérer mon français une bonne fois pour toutes ! Pourtant, j’ai le même problème qu’avec mon projet de mandarin : je n’ai pas du temps disponible. Je travaille fort comme auditeur publique ; je gère ma ferme et plantation d’arbre ; je dois appuyer l’institut de langues que j’ai fondée ; mes nuits sont occupées avec mon cours de Droit à l’Université de Brasilia ; et bien sûr, le plus important, j’ai une famille à soigner.

Si je pouvais consacrer au moins trente minutes par jour au chinois, ça sera beaucoup moins pour le français. « Dix minutes » – je décide sans tarder! C’est le possible : en tout cas, je suis confiant que, avec ce temps minimum, je pourrai faire du progrès. Je calcule : au bout de deux ans, je parlerai de nouveau couramment le français. Dans cinq ou dix ans, je parlerai mieux que jamais, atteindront un niveau de C2, ou maitrise, dans le Cadre Européen Commun de Référence pour les langues (CECR).

Ce même jour, je développe un « autotest » pour mesurer mon niveau de français. Il n’y a pas de note toujours ; je m’occuperai de ça après un an, lorsque je ferai de nouveau le test pour évaluer mon progrès. Mais c’est évident ce que je savais déjà : mon français n’est plus courant. Je comprends assez bien, mais je m’exprime de façon hésitante et sans la moindre élégance ou nuance.

Les sept premiers mois je n’ai presque rien fait à part écouter Radio France Internationale (RFI). Normalement, c’était dix minutes par jour, mais en tout cas pas tous les jours. Donc, dans toute cette période, j’ai écouté un total de vingt heures, ou six minutes par jour. À part cela, j’ai fait une seule classe de conversation et traduit un petit texte.

Je dois mentionner que j’aime vraiment la RFI. C’est ma source préférée de nouvelles – n’importe en quelle langue. J’aime surtout le journal international de dix minutes. C’est très directe et équilibré. Sans commentaire ou interruption inutile, il réussit à transmettre, de manière agréable et claire, une grande quantité d’information dans une petite période de temps. J’écoute avec plaisir aussi quelques émissions, surtout le « Débat du Jour », « Grand Reportage » et « Géopolitique, le débat ».

Même c’est tout petit vingt heures pendant sept mois ont faites une différence notable. Lorsque j’ai rencontré une amie (aux États-Unis), plus ou moins native en français, j’ai parvenu à me communiquer – avec beaucoup d’hésitation et manque de vocabulaire sans doute – mais quand même avec beaucoup plus de confiance et capacité que lorsque ma première (et seule) classe de français en février.

Après cette expérience, motivé, j’ai commencé à écouter de plus de RFI et additionnée une autre exercice, presque quotidienne : la lecture. Je lis mon livre préféré, que j’ai déjà lu une douzaine des fois en anglais et aussi en portugais, mais cette fois en français. C’est L’Autobiographie d’un Yogi de Paramahansa Yogananda.

Avec un regain d’enthousiasme et ajoutant la lecture à l´écoute quotidienne, j’ai augmenté le temps consacré au français. Jusqu’à aujourd’hui, le 27 septembre, j’ai consacré 37 heures d’écoute, 8 heures de lectures, 6 heures de conversation et 3 heures d’écriture (y compris 2 heures pour écrire ce texte-ci), pour un total de 54 heures dans 9 mois. C’est un moyen de 11,5 minutes de français par jour.

J’ai hâte de faire mon autotest de nouveau à la fin de l’année. Je suis convaincu que les résultats parleraient d’eux-mêmes et révéleront de réels progrès. Je crois que ma projection initiale était correcte. Au bout de 2016, maximum, je serai en mesure de dire avec certitude que parle français couramment ; et je crois qu’avec un ou deux ans de plus, je parlerai mieux que quand j’étais un enfant au Burundi. Bien sûr, tout ça justifiera un ou deux voyages de vacances à Paris, ou encore mieux, à la campagne française.

Pendant ce temps-là, je continue avec mon chinois. Même avec davantage de temps (40 minutes par jour), les résultats sont beaucoup moins évidents. Il semble que je sois un escargot faisant l’ascension d’une haute montagne dans l’Himalaya tibétaine. Néanmoins, je m’amuse, et je sais que j’y arriverai au sommet, un jour, sain et sauf. Apprendre bien les langues : ça nous exige une patience de saint, ou de bête, mais c’est bien.